Replongez dans le jazz des années 50 avec Do Mi

Article par Marie-Laurence Marleau
Photos par Martine Boucher

C’est dans une ambiance feutrée et jazzée des années 50-60 que la chanteuse Do Mi (Dominique Fils-Aimé) a effectué le lancement de son EP, The RED Ep, mardi soir, au Musée Grévin.


Avec ce premier mini-album de quatre chansons où rien n’a été retouché, Do Mi nous montre son authenticité et sa simplicité. N’ayant suivi aucune formation et ne sachant pas lire la musique, elle se sert de son âme pour nous ensorceler et nous envoûter avec un son jazz particulier et qui ne laisse personne indifférent. Rencontre avec une artiste de cœur et d’âme.


P.B. : Quel a été le plus gros défi auquel tu as dû faire face lors de la préparation de ton album?


Do Mi : À travers les années, le plus gros défi a d’abord été de me faire confiance, de me dire « vas-y ». Une fois que cela s’est fait, ce sont des défis tellement petits que j’ai eu à surmonter, des choses qui ne pouvaient pas se régler en une journée. Le plus gros défi, c’est toujours nous-mêmes contre nous-mêmes. On est des mégas obstacles et il faut constamment se dire « Go, là tu le fait, ça y est! ».


P.B. : Quels thèmes as-tu voulu aborder au travers de tes chansons dans The RED Ep?


Do Mi : L’amour! Mais l’amour à un niveau plus général de comment moi je le vois. Pour moi, l’amour c’est vraiment d’être un, de connaître n’importe quel humain, de montrer qu’on est tous égaux et qu’on est un. C’est aussi de s’aimer, de s’accepter, d’être plus doux les uns envers les autres. La chanson Ok with you, par exemple, est contre le viol. C’est l’idée du consentement. On vit dans une culture où c’est tellement banalisé. Je voulais donc, avec cette chanson, redonner à la femme sa place de femme, puis en même temps, donner un petit conseil aux hommes : « soyez doux, soyez respectueux, et on fera la même chose ».


P.B. : Y a-t-il une chanson particulièrement significative pour toi sur ce EP?


Do Mi : Elles ont toutes une signification, mais c’est sûr que la première que j’ai écrite c’était Ok with you, donc elle a souvent été un peu ce souvenir. Après, je dirais que c’est Like Mama said et ce qu’il y a d’intéressant avec cette chanson, c’est qu’à la base, j’ai découvert un beat sur internet. Après avoir contacté le propriétaire qui était en France et avoir échangé avec lui pendant des années, il a finalement accepté de me le donner. J’ai composé dessus et je le voulais vraiment parce que quand je chantais dessus, j’avais un peu l’impression de me transformer en un autre personnage. J’étais le personnage d’une femme un peu maltraitée qui reste là, qui accepte son sort et qui en est consciente. Ça m’a ramené à cette époque où je faisais des choix et où je me faisais un peu maltraitée, mais je restais là.


Et je pense que ça aussi c’est important : il faut parler aux hommes, oui, mais il faut aussi rappeler aux femmes qu’elles ont le pouvoir de quitter cette souffrance à un moment donné, que le problème qu’il faut régler fait aussi partie de soi-même.


P.B. : Tu remets une partie des profits de ton EP au Projet LOVE (Leave Out Violence/Vivre sans Violence), est-ce qu’il y a un message que tu souhaitais transmettre aux jeunes avec The RED Ep?


Do Mi : À la base, je trouvais que LOVE avait le meilleur projet qui était de présenter un monde sans violence. C’est très important pour moi de montrer aux jeunes comment communiquer sans violence, de leur apprendre à utiliser des moyens pour s’exprimer à travers l’art. C’est ça que je veux laisser, puis je veux aussi leur dire « si t’aime ce que tu fais, fais-le ». C’est ça mon message parce que je n’ai pas eu de formation professionnelle en musique, je ne sais pas lire la musique, mais je crois vraiment du fond du cœur que si tu le sens, les gens vont le sentir avec toi, donc des erreurs techniques ici et là, ce n’est pas grave.


P.B. : Tu désirais justement avoir un projet brut et n’y faire aucune retouche. C’est très audacieux, est-ce une idée qui t’es venue spontanément?


Do Mi : Mon copain est ingénieur sonore, donc c’était un gros débat. Il a compris pourquoi je voulais faire ça et il a été d’accord, mais je ne sais pas si j’aurais pris la même décision après avoir entendu l’album! (rires) Non, ce n’est pas vrai, mais je me disais « je veux qu’on m’entende moi, je veux qu’on sache comment je sonne, que dans 20-30 ans, on se souvienne de ma voix ». De la même manière, je trouve ça weird qu’on garde des photos retouchées et qu’on ne soit pas sûr de reconnaître la personne qui se cache derrière. J’aimerais donc ça avoir au moins ma voix, puis mes erreurs. Je trouve que, des fois, les erreurs c’est beau, que ça donne du charme. Il y’en a plein dans les chansons des années 40-60, il y a plein de faussetés, mais c’est humain.


P.B. : Parmi les gens que tu as rencontré jusqu’à maintenant, quelle personne a le plus influencé ton parcours?


Do Mi : Il y a beaucoup de monde qui m’ont marqué, mais je pense que ma sœur, c’est celle qui m’a le plus marquée. Toute mon enfance, elle faisait de l’opéra et du piano classique, puis mon rêve c’était de chanter et de faire comme elle. Ma mère pensait que je voulais juste copier ma sœur. J’ai vraiment dû prouver que j’aimais la musique et ma sœur m’aura toujours beaucoup influencé.


P.B. : Tu fais aussi beaucoup de peinture, as-tu commencé à donner des ateliers de peinture aux jeunes de Projet LOVE?


Do Mi : Non, pas encore justement! C’est ça que je voudrais commencer à travailler avec eux. C’est quelque chose que j’aimerais beaucoup faire : donner des ateliers de peinture, d’écriture ou parler du fait que tous les arts sont pareils. Tant que tu peux t’exprimer, tu peux t’exprimer et ce qui compte, c’est juste de t’exprimer chaque fois en fait.


Ça fait plusieurs années que je rêve d’avoir mon propre projet à but non lucratif et de donner aux jeunes des outils pour créer, qu’on vende ensemble leur création et qu’après, une fois que l’argent est revenu, qu’on travaille ensemble pour qu’ils continuent leur évolution.


P.B. : En terminant, est-ce qu’on te souhaite un album pour bientôt?


Do Mi : Oui, l’été prochain, ça devrait être en train de se travailler pour un album, si tout va bien, mais on me souhaite aussi ce que je vous souhaite à vous : de faire ce que vous aimez et au rythme que ça prend.



Le mini-album à saveur jazz, The RED Ep, est disponible sur ITunes ou dans tout bon disquaire près de chez vous. Pour suivre toute l’actualité de Do Mi (Dominique Fils-Aimé), visitez sa page web, www.domiofficial.com

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